MIKEY JUNIOR : Traveling South (2014)
Notre ami Mikey mâchouille son blues sur la côte est des Etats-Unis depuis une bonne dizaine d’années et s’est forgé une sacrée réputation dans cette zone géographique. Sa voix est taillée sur mesure pour ce style musical et il souffle dans divers harmonicas diatoniques mais aussi chromatiques, ce qui prouve sa maîtrise technique, ces derniers n’étant pas spécialement conçus pour jouer du blues. Son dernier album résonne donc d’harmonicas tour à tour nerveux, plaintifs, larmoyants, baveux ou déchirants. Un tour d’horizon des moments forts de ce disque s’impose donc. L’hypnotique « Traveling South », le blues jazzy « Nobody Does It Like Me » et le Chicago blues « Mill Tavern » témoignent de la large étendue harmonique et de l’éclectisme en matière de blues de Mikey Junior. Sur « Bad Time Blues », un bon blues urbain pour bars enfumés loin des lumières de la Cinquième Avenue, le guitariste se prend pour Albert Collins. Mikey nous démontre sa maîtrise technique sur « The Cheat » tandis que son harmonica se lamente sur le lancinant « She’s Good At Being Bad », sorte de « swamp blues » halluciné. Une mention spéciale doit être décernée à « Trying To Do The Best I Can », un country blues à l’ancienne avec guitare acoustique, basse, batterie et harmonica chromatique. Enfin, « Wrong Number » est, à mon sens, le meilleur morceau de l’album. Un parfum de petit chef-d’œuvre émane de ce slow au ralenti, idéal pour les fins de soirées tristes à pleurer ou les dimanches après-midi solitaires et déprimants. De la construction mélodique au choix des accords, tout est bien pensé dans ce titre. Nous sommes gratifiés d’un beau solo d’orgue mais l’harmonica brille par son absence. Dommage. J’aurais été curieux de voir comment s’en tirait Mikey sur un tel morceau.
L’harmoniciste de la côte atlantique nous propose donc une galette franche et honnête avec quelques pépites qui se dégagent de l’ensemble. Bien joué !
Olivier Aubry